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Du noir mais pas que
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17 mai 2009

L'enjomineur 1792- Pierre Bordage

9782841722884L'enjomineur 1792, Pierre Bordage, L'Atalante, 2004.

Rêv-olution Française
(ouh le calembour...)

Franchement, j'ai été moyennement emballé.

Au crédit de ce roman fantasy, le choix de la période historique : 1792 (d'où le nom...).
La Révolution (française) est bien mûre, le grand "tous ensemble" de 89 est loin derrière; le peuple est dans la danse, les sections font trembler l'aristo, et de plus en plus, le bourgeois. La République approche.
Choix judicieux donc, puisque l'ère arrive où les Lumières vont gouverner le monde (croit-on) et donc, pour un roman qui joue sur le merveilleux, ça apporte un ressort intéressant (quoique pas hyper-hyper original) : l'opposition de l'ancien et du moderne, des vieilles croyances et de l'esprit rationnel, et tout ça.
D'autant plus que l'histoire se déroule en partie en Vendée au moment où l'insurrection éponyme commence à chauffer au fond des marmites paysannes du bocage. D'où trio Religion / Raison / Croyances païennes.
Au menu donc, fadets, guérisseurs-euses, et en guest-star, Mélusine herself. Voilà. C'est un genre, on aime ou on n'aime pas.

Autre point à classer dans la colonne des "+" : la construction, là aussi pas révolutionnaire (ha, ha !) mais efficace. Deux histoires en parallèle avec fins de chapitres à suspense. Et ça marche bien. L'un des héros est un jeune paysan dont ON dit qu'il est fils d'une fée, plutôt éduqué (par un curé moderne et humaniste) et plutôt pro-révolutionnaire (mais pas trop-trop quand même. Comme tout bon héros post-moderne, il garde ses réserves et son quant-à-soi). L'autre (héros) sombre-sombre est un ancien voyou, ancien marin sur navire négrier, et justement victime d'une "enjomineuse" vodoue qui l'a puni d'un viol sur enfant esclave non consentante dans l'entre-pont du rafiot comme ça en passant. Bref le démon l'habite (...) et quand ça lui prend, faut qu'il tue du Blanc (et ça tombe bien, en France, y'en a). Du coup, il se retrouve à zigouiller pour la Cause.

Pile-poil, ça me fait ma transition avec tout ce que j'ai nettement moins apprécié. En fait, principalement une chose. Les Sans-culottes sont systématiquement des brutes épaisses, ivrognes et sanguinaires, la lie de la Terre motivée par les plus basses pulsions (et sans l'excuse du mauvais œil, en plus). D'ordinaire, on ménage au milieu une figure d'idéaliste qui pense bien faire et se fait emporter par les torrents de la Violence. Ça permet de dire que "les Révolutions ça part de bonnes intentions, mais après ça dégénère toujours, parce que l'Homme, tu comprends..." Mais là, non, même pas (1). Bon, même si Bordage n'a jamais prétendu faire un roman historique, quand même, ça m'a gonflé.

Autre chose aussi, mais là, on touche aux limites du genre écrit (paf !) : quand les paysans parlent leur patois vendéen, la transcription quasi phonétique, moi, j'ai du mal. C'est super-chiant à lire, et comme je ne l'ai pas dans l'oreille, ça ne me sonne pas. (2)

Il y a deux autres tomes à cette... trilogie (bravo). Je ne suis pas très sûr de vouloir lire la suite.

Tiens, à propos de suite, il y a les tomes 9,10 et 11 du T*** de F*** qui m'attendent. A dans quelques temps, donc.

(1) : ça donne ça. "Paris était devenu un gigantesque foutoir après la chute de la royauté. L'Assemblée avait perdu tout contrôle sur la Commune de Paris, la grande triomphatrice du 10 août. Le pays était livré aux mains des sectionnaires, des fédérés, d'individus analphabètes, ivrognes et revanchards que contrôlaient à grand peine le club des cordeliers et les meneurs les plus influents.De fieffés coquins paradaient dans leurs uniformes de commissaires de la Commune ceints d'écharpes tricolores et terrorisaient une population qui n'approuvait ni l'emprisonnement de la famille royale dans la grande tour du Temple ni l'impudence de ses nouveaux maîtres"
Bigre ! Qu'est-ce que ça donne dans 1793 ?

(2) : "Les gars de la piaine, le s'creyant comme les gens de la ville. L'pensant qu'tchette révolution leur rapportera plus de biens, de terres, d'argent. Ma, i leur dis que l'changement leur donnera rin du tout (...)"
Et y'en a des tartines comme ça...

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