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Du noir mais pas que
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9 mai 2017

Parmi les vivants - Charlotte Farison

Scotché !

9782370560834FS

Je suis tombé un peu par hasard sur ce bouquin. Auteure inconnue, titre pas terrible. Jolie couverture. J'attaque sans trop de conviction. Et là, bam ! D'abord le choc d'une écriture magnifique. Je sais, c'est toujours compliqué de qualifier le "style" d'un auteur (une fois que tu as dit "captivant", "acéré", "au cordeau", etc. tu n'as pas dit grand chose, finalement). Alors, pour que tu sentes un peu de quoi je parle, je vais te citer un petit passage qui dès le début du roman m'a posé là. A me dire : "Ah oui, quand même. La fille sait écrire, putain" (je dis beaucoup de gros mots, et quand je suis touché, encore plus).

Chouffe : "Chaque matin, l'exercice consiste à se réveiller les pieds crispés au bord de l'arrêt cardiaque. Hésiter entre mourir, tant que c'est possible, et se réveiller. Se laisser tomber dans le tout petit abîme entre deux ratés du myocarde. Chaque matin, c'est trop tard, la conscience fauche tout. (...) Chaque matin, je suis vivante".

Voilà, moi quand on me sert des phrases comme ça, je suis comme un boeuf qu'on mène par l'anneau qu'il a dans le museau : je suis, docile.

Le style, donc. Au service d'une intrigue à la complexité déroutante, foutrement tressée pour te balader, mais pas par le chemin le plus court. Ca peut rappeler un peu Le Carré dans ses meilleurs jours.

En fait, tu suis les récits parallèles de deux personnages : Arturo et Shula. Chacun raconté à la première personne.

Arturo, c'est un jeune homme plutôt brillant qui se retrouve embauché dans une super grosse boîte, prestigieuse et tout, de gestion de données informatiques (on est en 2002, on ne dit pas encore "big data" ni "cloud"). De la mémoire, quoi. Et ce n'est pas par hasard, puisque la mémoire, occultée ou non est un des thèmes du livre. Bon, il est embauché, donc, alors qu'il n'est pas spécialement qualifié pour le poste (pas vraiment défini d'ailleurs). Le méga coup de bol... Dont il semble coutumier. Hin, hin... En plus, Arturo, il a un truc bizarre : des flashs de résurgences quasi somnanbuliques d'épisodes de son enfance passée sur une île tropicale. Hin, hin, hiiiiinnnn...

Shula, c'est une jeune femme, genre eurasienne ultra-canon, danseuse et escort, parce qu'il faut bien bouffer. Mais pas franchement neu-neu. (Moi je l'ai imaginée comme la femme de Tyrell Wellick dans Mister Robot). Comme elle est un peu de classe internationale, elle se retrouve pour un job dans une villa de luxe sur la côte d'Azur, à distraire quelques oligarques de la finance et d'autres trucs nauséabonds qui permettent d'être super-riche. Mais ça ne tourne pas vraiment comme ça aurait dû, ça vire même carrément violent, l'histoire. Hin, hin, hiiiiinnn...

A partir de là, tu suis les trajectoires de Shula et d'Arturo, grâce à qui tu navigues dans les eaux mal fréquentées des 1% de winners du monde, et de leur cour immédiate de cadres sup-sup-sup.

Ca mélange donc un peu de thriller corporate, de roman d'espionnage, de peinture limite houellebecquienne du microcosme executive.

Bref, tu ne lâches plus le bouquin jusqu'à la fin, parce qu'il te tient jusqu'au bout le filou. Charlotte Farison, c'est son premier roman, il ne faudra pas me menacer longtemps pour que je me jette sur son prochain.

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