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Du noir mais pas que
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19 mai 2017

Seulement les morts - Markus Sakey

Bof bof bof

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Bon, déjà, le titre en Français est naze. C'est drôle d'ailleurs, après Parmi les vivants... Bon, passons. J'imagine qu'il faut trouver un truc accrocheur, comme pour un détachant ou un biscuit d'apéro. Alors évidemment, quant tu balances trois mots et qu'il y a "vivant" ou "mort" dedans, ça doit faire son petit effet.

De Marcus Sakey, j'ai bien aimé sa série Les Brillants, nettement plus intéressante, et dont je parlerai quand j'aurai mis la main sur le troisième et dernier tome.

Parce que là, avec son thriller Seulement les morts, donc, on peut dire que Sakey a utilisé tous les poncifs du thriller pour produire un thriller absolument standard. Alors tu vas me dire : "Oui, mais justement, c'est ce que les lecteurs recherchent, c'est ça qui marche, c'est pas des clichés c'est des archétypes, etc". Peut-être, si on a envie d'être gentil, parce que, je ne sais pas, on connaît le gars et on l'aime bien, ou alors on est de super bonne humeur et on est l'ami du monde entier. Ca m'arrive aussi, mais pas aujourd'hui. Surtout qu'à la fin de son bouquin, le sieur Marcus s'est cru obligé, après l'inévitable déclaration d'amour à son éditeur et sa petite famille chérie, d'y aller de son hommage aux forces de police et à ses "p'tits gars qui risquent leur vie là-bas pour que nous on puisse vivre en paix ici", sans aucune ironie. Donc là, il pousse un peu.

Alors, la recette du thriller-standard-qui-marche-bien, c'est à peu près ça :

- Tu prends un héros auquel le lectorat masculin hétéro voudra s'identifier et avec lequel le lectorat féminin hétéro voudra coucher (un beau blond musclé ex-soldat, par exemple). Tu lui colles un petit traumatisme (une mission qui a foiré en Irak et lui qui culpabilise), une vie qui part un peu en couille (genre : il picole, se tape une nana différente tous les soirs -le pauvre, mais ça n'entame pas ses abdos en tablette de chocolat).
Il a un grand frère et ils sont très proches, tu vois, parce qu'ils ont vécu une enfance difficile qu'ils ont surmontée en se serrant les coudes. Le grand frère, il veut s'engager pour que les choses bougent dans sa communauté, et en plus il a un petit garçon trop attachant (La maman est déjà morte, victime collatérale de la guerre des gangs. Background familial tragique, bam). Jason, le héros (ça doit se dire "Djésonne"), lui, bah, c'est pas pour lui, les responsabilités, il rumine son trauma.

- Elément perturbateur : le grand gentil frère se fait buter par des salauds-méchants, parce qu'il s'apprêtait à balancer des infos sur un gros trafic, un truc qui remonte haut. Au passage, tu introduis le complot des puissants-prêts-à-n'importe-quoi-pour-s'en-foutre-plein-les-poches.

- Du coup, le héros, il est bien obligé d'y aller, et en plus il faut qu'il s'occupe de son neveu-trop-attachant (enfin, pour l'instant il le confie à un autre perso-cliché, j'y viens : c'est peu pratique un mouflet, dans une course-poursuite), et, foi de soldat, il ne va plus se défiler.

- Personnages adjuvants : une fliquette, canon bien entendu (déjà qu'il a perdu son frérot, doit assumer son neveu-trop-attachant, il ne va pas se taper un boudin en plus), mais il va lui falloir tout le bouquin avant de conclure. Et une figure paternelle, ce-bon-vieux-Washington qui se démène pour sortir les gamins des gangs et de la rue, mélange de juste sévérité et de tendresse virile. Evidemment, tu devines dès la première rencontre comment il va finir. Avant ça, c'est lui qui baby-sitte le neveu-trop-attachant pour que le soldat-tonton ait un peu les mains (et les pieds) libres pour botter le cul des salauds-méchants.

- Après grosso modo, c'est tous des salauds et des pourris, avec des coups de théâtre que tu sens venir à des kilomètres (Oh, ce conseiller municipal si propre sur lui, oh, ce généreux mécène...)

- A la fin les gentils gagnent, avec quelques bleus ramassés dans des bastons épiques, des cascades dignes de Bullit, et plein de coups de bol monstrueux et de méchants qui visent très mal.

Alors, tu vas me dire (tu ne peux pas t'en empêcher, décidément) : "T'étais pas obligé de lire jusqu'au bout, si c'est si mauvais, M. On-me-la-fait-pas-à-moi." Et tu auras raison. Mais comme tu l'as dit déjà plus haut, ça marche quand même. Comme le deux-millième thriller que tu te regardes en VF le dimanche soir, avec un héros beau mais traumatisé et une équipière canon avec qui il va lui falloir tout le film pour conclure.

Comme on dit : "pour les amateurs du genre".

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