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Du noir mais pas que
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3 janvier 2018

Mécaniques du chaos - Daniel Rondeau

Mécaniques du chaos, Daniel Rondeau, Grasset, 2017

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Noël est passé par là, avec son lot de surprises et de découvertes. Dont ce Mécaniques du chaos de Daniel Rondeau, que je ne connaissais pas.

Et que j'ai lu, quand même avec un certain plaisir. Ce roman a l'ambition de parler de notre monde, entre déliquescence lente de l'Occident et irruption du Sud dans la vie de nos petites forteresses égoïstes : vagues de réfugiés fuyant guerres et misère (dont nous sommes pour bonne part comptables), et menace-de-l'islam-radical.

Pour ce faire, Rondeau utilise la technique du roman-mosaïque, multipliant les personnages (un archéologue érudit, des flics de la Sécurité Intérieure, un caïd de banlieue, une réfugié somalienne, un p'tit gars de la téci, une barbouze turque...) et les lieux (Tunisie, Lybie, Malte, Paris, sa banlieue...). Tout ça se croise, se rencontre au gré de hasards pour le moins improbables et d'affinités assez surprenantes. Du coup, tu es trimbalé avec un certain plaisir dans ces univers dont la profonde connaissance par l'auteur (à part peut-être le côté "banlieue") prodigue à la fois dépaysement et découvertes. Le rythme, façon roman d'espionnage, te tient ce qu'il faut en haleine pour tourner les pages jusqu'à la dernière.

Et c'est peut-être là aussi que le bât blesse. Peut-être pour avoir voulu un peu trop faire dans le romanesque, Rondeau abuse de ces hasards pour le moins improbables. Et peut-être aussi un peu des personnages-types. La réfugiée qui réchappe miraculeusement du naufrage est justement témoin d'un trafic louche auquel est mêlé l'archéologue-narrateur, qui connaît justement le flic qui enquête sur les réseaux terroristes justement liés à ce trafic... Le p'tit gars de banlieue, indic par haine des mafias qui pourrissent son quartier devient un grand du slam en deux clics sur Youtube (et la jeune réfugiée est trop fan de lui). L'étudiante un peu pute qui découvre Allah et prend le voile (et la ceinture d'explosifs) en crachant sur ses turpitudes passées etc, etc. Du coup, il faut parfois (souvent) se forcer un peu, y aller de son "ben justement, c'est du roman", pour continuer d'y croire suffisamment pour continuer. Là, c'est un choix à faire, on fait l'effort ou pas.

Par contre, j'ai été franchement déçu par le propos, la "morale de l'histoire", somme toute assez banale et dans l'air du temps : il faut réinvestir les "zones-de-non-droit-qui-se-sont-mises-hors-de-la-République", et avec un bon boulot de flic et quelques citoyens-relais, on te règle en gros le problème.

Alors que d'autres proposent des solutions un peu plus enthousiasmantes à la "crise des banlieues"... ;-)

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