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Du noir mais pas que
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20 mai 2017

Station Eleven - Emily St John Mandel

Etre original ou ne pas être

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Alors c'est étrange... Je venais de finir le second tome de U4, série en quatre volumes classée "littérature jeunesse" (qui au passage vaut surtout pour le tome Stéphane, de Vincent Villeminot), qui met en scène une France ravagée par une épidémie mortelle de grippe ne laissant en vie que les ados entre 13 et 18 ans. Et puis je tombe sur Station Eleven, qui se passe dans un futur où 99,9% de la population a été décimée par une épidémie mortelle de grippe. Et COMME PAR HASARD, ça fait quinze jours que je me traîne une saloperie de grippe qui ne veut pas passer... FAUT-IL Y VOIR UN SIGNE ???

Voilà, donc, c'est vrai que le thème du monde-ravagé-par-un-sale-gros-virus-et-comment-on-vit-après, ça a déjà été largement traité par la littérature, la BD, le cinoche... Et plus généralement le post-apocalyptique revient en force depuis un certain temps (Je suis toujours traumatisé par La Route de Cormac Mc Carthy). On se demande bien pourquoi...

Du coup, c'est un peu comme le trileur, on peut chi  pondre un produit standard, sans originalité mais qui marchera pas trop mal, parce qu'on sait qu'il y a toujours une demande de la part de lecteurs qui cherchent surtout à retrouver la même chose d'un livre à l'autre (d'où, peut-être, une certaine mauvaise répution du polar, de la SF, la fantasy). Après tout...

Ou alors, on se distingue par la façon de traiter un topos maintes fois abordé. C'est ce que réussit plutôt bien Emily St John Mandel, que je ne connaissais pas, mais qui a un nom très classe, je trouve.

Son Station Eleven déroule plusieurs fils narratifs autour de plusieurs personnages avant et après la catastrophe. Dans le monde d'avant, on suit un acteur hollywoodien qui ouvre le récit en mourant sur scène en pleine interprétation du Roi Lear, un ex-paparazzi, une ex-femme du premier (auteure d'un roman graphique intitulé Station Eleven, jolie mise en abyme) et un ami de celui-ci, une petite figurante... Dans celui de l'après, c'est toute une troupe de musiciens et de théâtreux itinérants (qui m'ont évoqué la joyeuse bande en roulottes du Molière de Mnouchkine) qui sert de guide au lecteur et joue Shakespeare, inlassablement, dans un univers revenu aux temps pré-industriels et pas encore remis du cataclysme. Tous ces fils se croisent bien entendu d'une façon ou d'une autre, et pas toujours attendue. En résulte une trame assez complexe pour susciter un réel intérêt (en tous cas chez moi, ce qui est déjà pas mal, vu que c'est moi qui te parle, là).

Du coup, par ce choix narratif intéressant, Mandel réussit son coup : on s'attache aux personnages, leurs petits problèmes, leurs mesquineries, les petites trahisons, tout ce théâtre social qui paraît à la fois dérisoire et attachant au regard de l'apocalypse qui vient.

De l'autre côté du moment 0 (on redémarre un nouveau calendrier à partir de la catastrophe), on retrouve les thèmes usuels du genre : comment réorganiser une vie sociale, quels modèles adopter de la communauté égalitaire à la petite tyrannie théocratique. J'ai bien apprécié cependant le choix fait par l'auteure de focaliser son récit sur cette caravane d'artistes, dont le slogan ne manque pas de profondeur, et fera une belle conclusion à ce post : "Survivre ne suffit pas".

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