Citoyens clandestins - DOA
-Citoyens clandestins, DOA, Gallimard, col. "Série Noire", 2007.
Grand prix de littérature policière 2007
Bon, déjà, le mec (l'auteur, hein) il s'appelle "DOA", pour "Dead on arrival". Il paraît que ça vient du jargon médico-légal, pour dire que le gus il était mort à son arrivée dans le service... En tous cas, ça pose l'ambiance.
Et puis il y a cette couverture, flippante à souhait. On pense guerre chimique, gaz sarin, Darth Vader...
Et la "bande son", des morceaux qu'un personnage écoute pendant ses missions spéciales (on y reviendra, à celui-là) : que des trucs qui cognent au bide et vous transforment le babos le plus ramollo en émule d'Alex dans Orange Mécanique. Prodigy, Rage Against the Machine, Pixies... J'adoore !
Dans un style hyper direct, rapide, efficace, on plonge dans le monde souterrain de l'espionnage et de la guerre clandestine : DRM (pour Direction du Renseignement Militaire), DST, DGSE... Des histoires presque parallèles (il faudra bien qu'elles finissent par se croiser...) d'un mystérieux "lynx" mélomane, l'agent secret qui ferait passer James B. pour un garde-champêtre empoté, d'un fils de Harkis infiltré chez les jihadistes européens, d'une beurette journaliste qui fourre son nez où elle ne devrait bien sûr pas... Le tout, on l'aura compris, dans une ambiance de menace terroriste islamiste à la 24H, avec ce qu'il faut de jargon bidasse et barbouzard, de détails techniques pour faire "vrai" (vous connaitrez tout des derniers outils de chez Heckler & Koch, ou des indémodables Dragunov...) .
Résultat, on ouvre ce bouquin, et pfuiit ! On est aspiré, entraîné par le tempo d'enfer du récit, qui nous trimbale, abasourdis, dans cet infra-monde où la vie ne vaut pas cher, où la morale se teinte de gris, où l'on manipule sans vergogne (à moins qu'on soit manipulé soi-même ?).
Du bon, du très bon, qui n'a pas volé son Grand Prix ! Tiens, je crois que je vais aller me le relire...