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Du noir mais pas que
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9 mars 2008

Les Vivants et les Morts - Gérard Mordillat

MordillatLes Vivants et les Morts, Gérard Mordillat, Calmann-Lévy, 2004. (Grand prix RTL - Lire 2005)

Une saga populaire

Celui-là, c'est pas un polar. Encore que. Il y a du suspense, de la violence, des "vrais gens", du sexe, et ça parle du monde tel qu'il va. Plutôt mal, donc.

C'est l'histoire d'une petite ville, et de "son" usine, qui va fermer. C'est l'histoire des gens qui prennent ça dans la poire. Les "vrais gens". Avec ceux qui baissent la tête et ceux qui s'insurgent, ceux qui s'insurgent, puis fatiguent, ceux qui ne disent trop rien, mais se bagarrent jusqu'au bout. Les jusqu'au-boutistes, et puis les mous, les égoïstes, les héros d'une heure et les lutteurs de toujours...
Mais tous des "vrais gens", avec leurs crédits sur le dos, leurs couples qui battent de l'aile, leurs passions, leurs amours, pas toujours orthodoxes, leurs histoires de cul et leurs rêves...

J'ai mis du temps à m'en remettre, de celui-là. A cause, justement, de tous ces gens, pardon, ces personnages. Parce que Mordillat nous les peint riches, contradictoires, humains, complexes. Enfin un bouquin qui nous sort des milieux bobos sans tomber dans le sordide du "populeux" ni dans l'éloge d'une "simplicité populaire" genre PCF de la grande époque, quand celui-ci fustigeait la "décadence petite bourgeoise" de la libération des mœurs...

C'est d'autant plus louable, que la trame du récit, (qui rappelle bien sûr les drames des Daewoo, Moulinex, Renault Vilvoorde, et tous les autres...) aurait pu déboucher sur un récit à la Gorki (paix à son âme), avec ouvriers vertueux, et tirades bien senties... Même si Mordillat n'y échappe pas toujours. Quelques discussions d'AG ou de piquets de grève ressemblent un peu trop à des manifestes ou à ces dialogues un peu plaqués façon Le talon de fer, de London.

Mais ce n'est que péché véniel. Vraiment, on est pris aux tripes. Car comme dans une tragédie grecque, les protagonistes n'échapperont pas à leur destin. Le fatum contemporain est financier, il n'en n'est pas moins implacable. Et comme dans une tragédie grecque, c'est l'énergie avec laquelle les Hommes refusent la fatalité qui est belle. C'est elle qui en fait des vrais gens. Des vrai humains.

Et puis, la fille sur la couverture, elle est belle, non ?

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