Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Du noir mais pas que
Visiteurs
Depuis la création 47 233
Archives
Du noir mais pas que
Derniers commentaires
18 mai 2012

Morte la bête - Lotte et Soren Hammer

Morte la bêteMorte la bête, Lotte et Soren Hammer, trad. Andreas Saint-Bonnet, Actes Sud, 2011.

Eh oui, encore un, encore un polar nordique. Pas fait exprès, promis. Celui-ci est danois, écrit à quatre mains par un duo frère et soeur. Ce qui n'est pas commun.

Ce qui ne l'est pas non plus, c'est le propos du bouquin. La recette classique du polar (enfin, plutôt du thriller, pour être plus honnête) c'est de fabriquer des tueurs sadiques, tordus et abominables, de leur faire commettre des crimes sadiques, tordus et abominables, de rendre ces personnages absolument haïssables au lecteur pour lui faire souhaiter à toute force ce qui finit en général par arriver : leur mise à mort. En jouant surtout sur l'affectif, la réaction épidermique, le "moi, si j'étais à la place des parents (ou du mari, ou des enfants...)", ces ouvrages laissent (quand ils sont réussis) haletant, pantois, délicieusement horrifié ou soulagé, mais font rarement surchauffer la machine à questionnement métaphysique. Au mieux, le lecteur est renvoyé à sa position de voyeur complaisant... Mais je ne vais pas commencer une dissertation en trois parties.

Morte la bête sort du lot. Que je m'explique un peu.

Tout commence avec la découverte d'une scène de crime particulièrement sadique, tordue et abominable : cinq corps d'hommes retrouvés pendus, défigurés et atrocement mutilés, qui plus est dans le gymnase d'une école, le jour de la rentrée des classes... Boum. Le commissaire Konrad Simonsen, vieillissant, diabétique, fumeur et bourru (alors, oui, en effet, ce n'est pas de ce côté-ci que les auteurs font preuve du maximum d'originalité...) mène l'enquête avec son équipe de flics dévoués, et dotés de leurs lots de problèmes personnels (là non plus).

Les choses se corsent lorsqu'on découvre que toutes les victimes sont des pédophiles avérés, et que l'opinion publique prend fait et cause pour les assassins, qui de leur côté orchestrent magistralement la com' autour de l'événement et de la dénonciation de l'aveuglement danois vis-à-vis des questions d'inceste et de pédophilie.

Et le lecteur de se retrouver lui-même assailli par le doute, tiraillé entre colère et désir de justice, entre vengeance et Droits de l'Homme. Quand les rôles s'inversent et se brouillent entre victimes et bourreaux, difficile d'y voir toujours très clair.

Un roman intelligent, bien écrit (et traduit), qui oblige au long de ses 500 pages et quelques à se poser quelques questions fondamentales, et indispensables.

Publicité
Commentaires
Y
Je note ce polar qui me semble bien peu conventionnel. D'ailleurs, le peu que j'ai lu de danois sort du lot.
P
Oui, c'est vrai, ce côté froid. Tu n'as pas l'impression que c'est un peu pareil dans tous les polars nordiques (l'univers de Wallander n'est pas hyper-festif non plus, ni celui d'Harry Hole) ? Je me dis parfois que c'est peut-être le reflet d'une société où le respect de la liberté individuelle est tellement poussé que les gens sont un peu loin les uns des autres. Ce serait dommage, car pour le reste, les sociétés nordiques me paraissent bien plus "civilisées" que la nôtre, ou que l'états-unienne.Ça me donne envie d'aller vérifier sur place un jour...
M
J'ai adoré ce livre, pourtant j'hésite toujours quand je vois le second... peut être le manque de chaleur , de liens entre les enquêteurs...
Publicité
Newsletter
Publicité