Noir béton - Eric Miles Williamson
Noir béton, Eric Miles Williamson, trad. Christophe Mercier, Fayard Noir, 2008.
Du solide
C'est une plongée hallucinée dans le monde des ouvriers du béton (la "gunite" qu'on projette à la lance) de San Francisco, Californie. Autour d'un contremaître à la colonel Kurtz, un groupe d'ouvriers qui se défoncent au boulot, picolent, se shootent, sombrent dans la misère, meurent ou survivent...
C'est écrit dans un style très épuré, strié parfois de fulgurantes envolées lyriques et sombres, presque poétiques. On lit ce roman d'une traite tant on est emporté, pulsé, par l'énergie qui anime ces personnages. C'est aussi très noir, et préfigure probablement ce que sera le monde ouvrier chez nous aussi si on poursuit sur notre lancée : un amas d'individus aux solidarités éphémères et fragiles dont la seule idéologie sera "chacun sa gueule et la Dope pour tous"...