Le fil rouge - Robert Littell
Le fil rouge, Robert Littell, 1997
Tout n'Apache 'angé...
On présente volontiers Robert Littell comme "l'un des meilleurs écrivains contemporains de romans d'espionnage". Mouaif. On lui doit le volumineux La Compagnie, " LE roman de la CIA", que j'ai trouvé assez abominablement (et bêtement) apologique : les braves-maris-et-pères-de-famille qui font leur devoir pas-toujours-joli-joli-mais-qu'il-faut-bien-faire-que-voulez-vous, contre le méchant maître-espion soviétique (et ses fourbes de sbires) sadique et pédophile (ah ben oui, pourquoi faire les choses à moitié ?). Un "roman de la CIA" qui oublie au passage quelques chapitres glorieux de l'histoire de l'Agence : Pinochet, le chah d'Iran, et quelques autres petits détails. Bref, du caca.
Celui-ci est plus inoffensif. Ne casse pas de briques, mais bon, pas trop mal pour lire sur la plage (alors que L'amateur, du même Littell, je l'avais laissé tomber assez vite, tant tout était trop trop cousu de fil blanc).
On a un héros (avec un douloureux secret, comme il se doit), ancien des forces spéciales (ça aide pour la bagarre), et qui voyage en ballon (pour la touche d'originalité).
On a aussi un tueur du KGB, au pseudo de chevalier arthurien, qu'on réactive malgré que l'URSS n'existe plus (c'est embêtant pour les écrivains de romans d'espionnage, mais faut bien faire avec. En plus, en 1997, on ne se doute pas encore qu'on aura bientôt un nouvel Axe du Mal pour s'inspirer des récits à suspense).
L'idée (un peu) originale de Littell pour ce livre, c'est d'en situer l'action au cœur d'une réserve d'Apaches du Nouveau-Mexique (d'où l'excellent calembour ci-dessus). Du coup on découvre que ceux-ci on le droit de tenir des casinos (ce qui va être le début de leurs problèmes...), que pas mal d'entre eux sont alcooliques, mais que l'esprit de Géronimo n'est pas complètement éteint.
Et aussi que le monde de l'espionnage est retors, trouble et plein de méchants.