Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Du noir mais pas que
Visiteurs
Depuis la création 47 233
Archives
Du noir mais pas que
Derniers commentaires
12 avril 2008

La vie aux aguets - William Boyd

Boyd_Vie_aux_aguetsLa vie aux aguets, William Boyd, Seuil, 2007

Espion raisonnable ?

C'est fascinant, une vie d'espion. Quoiqu'on en dise.

C'est vrai que moralement, c'est plus que limite. C'est vrai que les causes qu'ils défendent, les espions, (en général les revenus des grosses boîtes "nationales", ou la place de leur Etat sur l'échiquier géostratégique, enfin bon, c'est pas Robin des Bois ni Che Guevara, quoi) valent bien les méthodes employées (chantage, extorsion, menace, corruption...). Je suis à peu près persuadé que nos James Bond à nous comptent peu d'électeurs du facteur dans leurs rangs.

N'empêche. L'identité secrète, les vies multiples, et que je saute dans un avion (puis d'un avion, puis l'espionne russe), et que je suis un coup au Liban, un coup en Colombie, et que -surtout- je sais plein de choses que vous ignorez... Tout ça, on en a un peu tous rêvé, non ? Mhh ? Allez, soyez honnêtes, au moins une petite fois... Bon en tous cas moi oui. Voilà.

Donc un roman d'espionnage, c'est toujours sympa. Toujours ? Non, évidemment. J'ai abandonné en cours de route un Robert Littell (oui, le papa de l'autre), parce que que la gué-guerre Est-Ouest, les agents doubles et patati et patata, on a déjà lu ça et en (ô combien) mieux chez Le Carré (qui d'ailleurs a su merveilleusement changer de registre, avec Une amitié absolue, La constance du jardinier ou Le gardien de nuit, entre autres. Au passage).

Bref.

C'est pas toujours très bien, les romans d'espionnage. Mais là, oui.

Attention, hein. C'est pas DOA. Ça cartonne pas. C'est plutôt lent, et l'action n'est pas vraiment ce qui domine dans le récit.

N'empêche. L'espionnage, moi je l'imagine plutôt comme ça. Tromper, manipuler, faire gaffe à ses fesses, prendre quinze mille précautions pour acheter une baguette de pain (pour ceux de la DGSE). La pression perpétuelle. Savoir quand disparaître, et le faire bien. Les filatures, les planques, les plan B (et C, et D...), les kits "passeport + pognon + billet d'avion" planqués par-ci, par-là au cas où...

Et finalement, assez peu d'immeubles qui explosent, de poursuites en MIG-21, ou de combats à mains nus dans des cuisines de restaurants chinois.

Le Carré, vous dis-je.

Bon, mais là, c'est de Boyd qu'il est question. Et de ce livre : La vie aux aguets.

Qui rappelle quand même un peu Le Carré, pour le coup.

Boyd s'inspire d'une partie assez méconnue de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale : celle des manipulations des services secrets britanniques aux États-Unis, avec comme objectif de pousser les "Cousins" réticents à entrer en guerre contre l'Axe. Ce qui avant Pearl Harbour était loin d'être gagné. Dépêches d'agence de presse bidonnées, grosses intox (genre : faux plans allemands d'invasion du territoire états-unien, pas moins), des méthodes quelque peu étranges entre pays amis -et alliés. Ce qui explique peut-être le malaise qui persiste à évoquer ces faits aujourd'hui encore... (J'attends un "Rendez-vous avec X", sur le sujet.)

Ça change des histoires de mur de Berlin ou de chasse aux terroristes barbus.

J'ai bien aimé le style, agréable, léger. Pas de rythme trépident, je l'ai dit, pas vraiment de suspense non plus. C'est sobre, presque neutre. On découvre avec Ruth, une jeune maman oxonienne (ça veut dire : d'Oxford) le passé secret (et pour cause) de sa mère quand celle-ci est subitement persuadée qu' "on" veut sa peau. Démence sénile d'une vieille bourgeoise bon teint, ou bien...

(oui, en fait, c'est le "ou bien", la bonne réponse, sinon le livre aurait été un peu chiant)

Bon, je ne vais pas en dire trop, c'est le principe. Il y a tous les ingrédients évoqués plus haut. Donc si on aime le Car.. les bons romans d'espionnage, on aimera celui-ci (c'est un ordre).

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Publicité