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Du noir mais pas que
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Du noir mais pas que
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18 mars 2008

Carnivàle

carnivaleCarnivàle (La caravane de l'étrange)

Ça aurait pu, ça aurait pu...

Là on parle de série télé. De la bonne, a priori : c'est du HBO (qui a produit, entre autres, Six feet under, Deadwood, Les Sopranos, et plein d'autres super trucs qui font référence dans l'univers de la série qui assure).

Au départ, ça met l'eau à la bouche. Jugez plutôt.

Ça se passe dans l'Amérique de la Grande Récession, dans le Midwest crassouilleux et crève-la-faim, ambiance Les Raisins de la colère. La bonne idée, c'est qu'au lieu de faire dans la fresque historico-sociale, cette période trouble et rude sert en fait de décor à un récit qui tire franchement vers le fantastique.

On entre dans cet univers particulier par un superbe générique qui mêle des images de peintures baroques, de tarot divinatoire et d'actualités noir et blanc authentiques des années 1930. Le passage des unes aux autres par des fondus façon morphing suggère une continuité des motifs : l'éternelle lutte des forces du Bien contre celles du Mal. Avec un poil de magie et d'occultisme. Sur fond de crise sociale. On se frotte les mains. Voilà une ambiance pour le moins originale, qui mélange les genres d'une heureuse façon.

Le récit se construit autour des itinéraires de deux personnages.

D'un côté, le jeune Ben Hawkins, un redneck peu loquace, qui croise la route d'une caravane de forains un peu zarbis (d'où le titre). Lui détient en secret des mains de guérisseur, mais répugne à s'en servir (le syndrome "je-veux-être-un-garçon-normal").
La troupe, elle, se compose de l'assortiment bigarré qui fait le charme du monde forain : les bateleurs au bon bagou, les mécanos, les pick-pockets, la femme à barbe, les sœurs siamoises, le télépathe français aveugle, la diseuse de bonne aventure, les stripteaseuses (mère et filles), l'homme-serpent... Le tout sous la direction apparente du sieur Samson, interprété par le génial Mickael J. Anderson (l'inquiétant nain de Twin Peaks et Lost Highway), et celle, occulte, d'un mystérieux "manager" invisible. Il semble vite que l'ami Ben ne soit pas le seul à être doté de facultés étranges...

De l'autre, "frère Justin", pasteur des pauvres, un exalté victime de visions et lui aussi doté de capacités assez spéciales... 

Hum, hum, ça commence très fort...

Sauf que...

Comme des verrues sur un joli minois, de vilains petits ratés viennent gâcher l'ensemble.

D'abord, le Ben Hawkins, qui à force d'être renfermé apparait carrément antipathique et sans charisme. Et puis la ficelle du gars qui ne veut pas s'engager et assumer ses pouvoirs-qui-peuvent-sauver-le-monde et puis finalement si et puis non et puis... Ca finit par brouiller l'écoute.

Ensuite, certaines intrigues secondaires sont vraiment à la con ("Tu m'aimes ? Chais pas, gnagnagna...").

Beaucoup de personnages sont complètement négligés (les "freaks", par exemple), et font de la simple figuration, alors qu'on aurait pu leur donner une tout autre profondeur.

Enfin, à force d'être ambigu, le personnage de Justin (le prêtre), devient franchement impossible à cerner. Un coup ange, un coup démon, ça on veut bien, mais à un moment, faut se décider et dérouler la pelote. Au lieu de quoi, on a l'impression que les scénaristes ont géré le truc au coup par coup, sans trop savoir dans quelle direction faire évoluer le personnage (peut-être au gré des scores de l'audimat, ou du nombre attendu de saisons)...

Cette impression (ô combien familière à l'amateur de séries) de tâtonnement scénaristique se retrouve malheureusement au fil des épisodes, dont certains semblent n'avoir pour fonction que de "délayer la sauce" ou de lancer des pistes, au cas où il faudrait faire durer la série. D'ailleurs, celle-ci, que je n'ai pas encore vue dans son intégralité (j'en suis au début de la seconde et dernière saison) a été interrompue sans véritable dénouement, semble-t-il.

C'est con, quand même. C'est comme acheter un super bon chapon à la ferme, et le faire trop cuire... Ou se planifier une semaine de vacances de rêve dans un paradis tropical et oublier son maillot... Enfin, ça fait un peu gâchis, quoi...

PS : un joli contrepet s'est glissé dans ce texte. Saurez-vous le retrouver ?

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